Une recherche de l’UdeM élucide la rétinopathie diabétique
jeudi, novembre 3 2016 | 00 h 00 min | Communiqué de presse, Science
La rétinopathie diabétique est la complication du diabète la plus fréquente et la cause principale de la cécité dans la population active. Selon les estimations, un demi-million de Canadiens sont atteints de rétinopathie diabétique, et l’on prévoit que l’incidence de la maladie va doubler dans les 15 prochaines années.
Les moyens de traiter et de freiner cette maladie étaient limités jusqu’à présent. Mais une étude menée par les Drs Przemyslaw (Mike) Sapieha et Frédérick A. Mallette, chercheurs à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal) et professeurs à l’Université de Montréal, apporte un éclairage nouveau sur ses mécanismes, en révélant un processus de vieillissement accéléré des neurones, des vaisseaux sanguins et des cellules immunitaires de la rétine dans les zones où les vaisseaux sanguins ont été endommagés. La Dre Malika Oubaha, stagiaire postdoctorale dans le groupe de MM. Sapieha et Mallette, a découvert que les cellules de la rétine qui sont coupées de leur source principale d’oxygène et de nutriments lors de la maladie sont résilientes et ne meurent pas. Elles se mettent plutôt en mode de sénescence cellulaire (ou vieillissement cellulaire): elles sont inactives, mais enclenchent un processus complexe ou multifactoriel qui contribue à la cécité.
Ces travaux prometteurs ont permis de recenser et de désigner les molécules qui sont activées durant ce processus de vieillissement prématuré. Le traitement du vieillissement cellulaire précoce chez des souris atteintes de rétinopathie avec des médicaments existants et avec de nouveaux médicaments à l’essai s’est traduit par une meilleure régénération des vaisseaux sanguins de la rétine et une réduction de la détérioration de la rétine.
«Les traitements actuellement disponibles pour la rétinopathie diabétique peuvent être invasifs ou encore avoir des effets secondaires indésirables quand ils sont administrés à long terme. Notre étude n’a pas permis de trouver de remède menant à la guérison. Toutefois, en définissant la cascade d’évènements moléculaires qui mène à la sénescence prématurée associée à la rétinopathie, nous pouvons maintenant envisager de nouvelles interventions thérapeutiques pour ralentir le processus de la maladie et ainsi préserver la vision», a déclaré Mike Sapieha.
L’objectif de cette étude était de cerner d’éventuelles pistes thérapeutiques pour empêcher la sénescence de la rétine, qui survient dans des maladies telles que la rétinopathie diabétique, et de rétablir ainsi la fonction normale de la rétine.
Dans la rétine (la couche de neurones tapissant le fond de l’œil qui transmet l’information visuelle de la lumière vers le cerveau) des patients atteints de diabète, à un premier stade survient une dégénérescence des vaisseaux sanguins qui irriguent l’œil, ce qui entraîne une privation d’oxygène et de nutriments, déclenchant au deuxième stade la croissance de vaisseaux sanguins anarchiques et destructeurs à l’intérieur de l’œil. Les interventions thérapeutiques les plus répandues actuellement (qui touchent les vaisseaux sanguins malades) s’accompagnent d’effets indésirables, dont au premier chef la destruction de la rétine elle-même. Il est donc indispensable d’arriver à surmonter ces limites thérapeutiques et d’explorer de nouvelles avenues pharmacologiques.