Leçons d’une lentille Superfield
mercredi, mars 20 2024 | 07 h 03 min | Sciences de la vision et dernières recherches
Par Dre Jenny Lee, OD
Aperture est une publication de l’Association canadienne des étudiants en optométrie. Réimprimé avec permission.
À la pointe de la technologie
Si vous m’aviez dit dans le passé que j’allais être remplacée par ce que l’on appelle un « visiomètre électronique », je vous aurais placé quelques prismes de Risley étourdissants devant les yeux.
C’est ridicule, non ? Un visiomètre électronique ? J’ai résisté à l’épreuve du temps, et je suis suffisante pour accomplir le travail. Quand les gens pensent à l’optométrie, ils pensent à moi. La satisfaction de chaque clic, la familiarité de l’optométriste qui demande : « Un ou deux ? » est de loin plus gratifiant qu’un écran contrôlé à distance n’offrant aucune
rétroaction tactile.
Alors me voilà en train d’observer mon poste valorisé se faire remplacer par cet… objet nouveau et brillant.
J’ai vraiment essayé de ne pas bouder. Je suis restée silencieuse; je me suis efforcée à rester agrippée sur le support pour éviter de frapper avec colère la tête des étudiants qui ajustaient la lampe d’appoint à mes côtés. Je dois avouer que M. le Biomicroscope, tout-puissant aux airs hautains, a dû me jeter des regards meurtriers (et ce, sans filtre diffus
en plus, quelle audace!) pour que je me résigne à l’obéir, mais ça, je ne le leur dévoilerai pas.
S’adapter à la nouvelle technologie de l’optométrie
Les étudiants n’avaient-ils pas peur de se faire remplacer par la technologie ? Avec moi, ce problème n’existerait certainement pas. Je paniquais durant les fins de semaine en pensant à la dernière fois qu’on retirera mon étui avant de m’expédier ailleurs.
C’était une semaine particulièrement difficile lorsque j’avais entendu les murmures des cliniciens disant que j’allais être remplacée par les nouveaux visiomètres. Je me sentais condamnée à mort, comme si je balançais au sommet d’une falaise entre le confort, la satisfaction et la réalisation mélancolique que je n’avais plus de raison d’être.
Technologie de l’optométrie éprouvée et testée
Mais le hasard fait bien les choses : un étudiant de troisième année avait oublié sa lentille Superfield sur la table du biomicroscope. Désespérée d’avoir un peu de compagnie, je lui demande : « Comment te sens-tu par le fait que tu seras un jour remplacée par un nouvel OCT ou par une nouvelle caméra ? »
« Qu’est-ce que tu veux dire par “remplacée” ? », répond-elle.
« Bien que tu offres de la vision stéréo, il existe déjà des caméras de fond d’oeil en clinique avec des fonctionnalités stéréo », lui répliquai-je. « Ce n’est qu’une question de temps avant que tu te fasses remplacer, non ? »
À ce moment-là, s’il était possible qu’une lentille rie, c’est ce qui serait arrivé. « Le moment de mon remplacement est loin d’être arrivé. Lorsque je suis apparue, tout le monde pensait que j’allais remplacer mon prédécesseur, la 90D. “Les champs de vision hyper larges sont
incomparables !“, ont-ils dit. Mais en réalité, on a tous nos propres rôles. J’offre des champs de vision plus larges alors que la 90D est utile chez des patients non dilatés. Ils peuvent sortir autant de nouvelles technologies qu’ils le veulent, mais en fin de compte, on est tous des instruments différents avec son propre usage et son propre rôle. »
Vulnérable, je lui avoue : « Je suis inquiète d’être remplacée. Dès qu’ils installeront ces nouveaux visiomètres, ce sera fini pour moi. »
« Je ne serais pas si certaine », répond la lentille.
Trouver un équilibre dans la technologie de l’optométrie
Alors me voici au jour J, en train d’observer le vent nouveau souffler sur la préclinique, qui changera l’éducation d’une toute nouvelle génération d’étudiants. Je me prépare pour le moment tant redouté. Mais le moment n’arrive jamais.
Lorsque je me retrouve de nouveau à découvert, je reconnais la familiarité des nouvelles salles de la préclinique. En jetant un coup d’oeil à droite, je vois un papier collé sur le mur de la clinique : Laboratoire de vision binoculaire – Évaluation de la vergence.
On dirait bien que la lentille Superfield avait raison. Alors que je me plaignais de l’arrivée des nouveaux visiomètres, j’avais oublié que rien ne pouvait réellement être remplacé. C’est comme le tonomètre Goldmann qui était anxieux quant à la venue de la sonde iCare, et qui,
malgré tout, est resté parmi nous.
C’est pourquoi, lorsque j’ai vu qu’un nouveau visiomètre était transporté à côté de moi, je n’étais pas inquiète. Comme moi, il a une place ici.
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