Plus jamais perdu en un battement de cils
jeudi, octobre 20 2016 | 00 h 00 min | Communiqué de presse, Science
C’est un problème aussi vieux et exaspérant que les gouttes oculaires elles-mêmes : dès qu’on applique le médicament, il est presque en entier immédiatement évacué.
Pour cette raison, l’ingénieure chimiste de McMaster Heather Sheardown et les étudiants diplômés de son laboratoire ont conçu une façon plus efficace d’appliquer le médicament à la surface de l’œil.
Ils ont créé des paquets de médicaments microscopiques qui se logent de manière imperceptible à la base du film lacrymal, qui humidifie la surface de l’œil.
À partir de là, les paquets de molécules ou les dépôts se dissolvent graduellement en libérant lentement le médicament. Ce processus rend possible, pour les gens souffrant d’yeux secs ou de glaucome requérant l’application de gouttes quotidiennes, la réception de la même quantité de médicaments en utilisant des gouttes une seule fois par semaine.
Mme Sheardown, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biomatériaux ophtalmiques et directrice scientifique de 20/20 – réseau stratégique du CRSNG de mise au point de matériel ophtalmique, affirme que les partenaires du milieu ont déterminé que le problème des gouttes traditionnelles pour les yeux était un enjeu majeur des soins de la vue.
Le problème réside dans le fait que l’œil se défend naturellement contre les substances étrangères. Il est difficile pour les ingrédients actifs dans les gouttes ophtalmiques d’agir efficacement avant que les yeux les éliminent.
Avec des gouttes traditionnelles, 95 % du médicament est perdu avant d’avoir eu la chance d’agir. Ce qui représente une inefficacité frustrante, surtout pour les patients.
« C’est un système d’application lamentable », dit Mme Sheardown. « Si on pouvait appliquer les gouttes sur le devant de l’œil à des concentrations inférieures et qui fonctionnent sur une plus longue période, ce serait formidable. »
L’équipe de Mme Sheardown en est à l’étape finale de démonstration de l’innocuité et de l’efficacité de cette nouvelle technologie, récemment décrite dans la publication Biomacromolecules. Cette recherche a été financée par le 20/20 – réseau stratégique du CRSNG de mise au point de matériel ophtalmique et par la fondation de la famille Boris.
Mme Sheardown présentait cette nouvelle technologie en France à la Tear Film and Ocular Surface Society en septembre.
Elle affirme qu’il y a eu de l’intérêt pour la commercialisation de la technologie et espère voir le produit sur le marché dans un futur proche.